samedi 21 avril 2012

Double-Programme "Mondo Bidono"

Le sexe interdit / Fureur sauvage


Dans le domaine très décrié du Mondo dont les italiens se sont fait une spécialité, il y a les baroudeurs : les Prosperi, les Jacopetti et, plus radicaux encore, les Castiglioni Bros. Et puis il y a les autres : les rigolos, les dépourvus de couilles ou d'argent qui usent de mille et uns stratagèmes pour profiter de la vague du docu sensationnaliste sans trop se bouger ou se casser le derche. Le pillage d'images d'archive ethno-géographique ou l'emploi de scènes choc authentiquement bidons représentent deux des artifices les plus répandus parmi nos amis les escrocs. 
Si cette taxation s'avère peut-être injuste envers Arthur Davis et son "Fureur sauvage" qui après tout, aura fait l'effort de tourner plus ou moins au "coeur de l'action" (principalement en Afrique et en Amérique du Sud), il en va tout à fait autrement pour ce tâcheron devant l'éternel de Bruno Mattei qui, lui, se contentera de tourner 90 % de son produit dans la campagne romaine, les 10 % restants, soit le contenu prétendument "réel", sauvagement pillé à ses confrères spécialisés ou bien à des programmes labellisés "National Geographic".

Ce nouveau double-programme célèbre donc cette fois deux des "Mondo" les plus ridicules qui soient.  
A commencer par le "Fureur sauvage" d'Arthur Davis. Un Explorateur américain ce Davis nous apprend-on, connu et reconnu de personne qui, tentant de battre les italiens sur leur propre terrain, va surtout accoucher d'une furieuse daube sauvage.
Déclamé sans conviction par un narrateur sous anxiogène dans sa version française (Richard Johnson dans la version originale, maudits que nous sommes), le documentaire pourvu d'un cahier des charges honnête (snuff animalier, mise en image de rites tribaux, musique entrainante signée Riz Ortolani,etc.) ferait presque honneur au genre s'il n'y avait pas en arrières voire en premiers plans ces figurants peinturlurés n'importe comment et aussi indigènes que Mon Ku Surla Komod ou ces séquences chocs à la crédibilité branlante. Pour cela, il est impératif d'assister à la scène dite du "croco en mousse". Là où le spectateur est censé assister à la mise en pièces brutale au beau milieu d'une rivière d'un homme d'une tribu primitive par un crocodile sanguinaire, il n'y voit en fait qu'un jouet en plastoc gigoter dans une piscine municipale autour de morceaux de barbaque achetés chez le boucher du coin.
Dès lors, tout sentiment d'assister à un spectacle sérieux a déserté le spectateur qui n'aura d'autre choix que de continuer le visionnage plongé dans la plus profonde perplexité. 

Mais tout cela n'est rien à côté du redoutable "Le sexe interdit" de l'inénarrable Mattei. Pour bien saisir tout le potentiel de connerie du programme, un copier/coller de mon texte paru en son temps sur le site de Psychovision (http://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/710-sexe-interdit-le) me parait approprié. Attention toutefois, si vous souhaitez enfourner le film vierge de toute info et des séquences improbables qui vous attendent au tournant, évitez les lignes ci-dessous :

"Madame, votre couple stagne ? Le manque de piquant ou pire l'abstinence vous empêtre dans un marasme sexuel sans précédent ? Monsieur, votre conjointe ne vous satisfait plus ? L'ennui s'est emparé du lit conjugual ? Rassurez-vous, un remède subsiste et ce remède miraculeux, il se pourrait bien que le Docteur Mattei en soit le détenteur. Son nom ? Le "Sex-shot foireux". Avec le "Sex-shot foireux", le bon Docteur Mattei, entre deux doses prescrites de stock-shots coitaux vous garantit l'épanouissement de vos désirs les plus fous, alliés à toutes sortes de pratiques érotiques bidons propices à la fertilité de l'imagination, et ce, sans tabou aucun. Et même le tabou laid. Voir notre cassette promotionnelle pour plus d'informations."

Le mondo-sex bidon par excellence. S'étalant sur un peu moins d'une heure, "Le sexe interdit", de l'indécrottable Bruno Mattei, se veut une étude à la fois pédagogique et exhaustive sur presque toutes les facettes de la sexualité à travers le monde, avec une nette prédilection pour les pratiques les plus prohibées. Seulement, pour mettre en image le tout, le petit Bruno a un souci : il dispose de peu de pécules à investir. Comment diable payer les frais de déplacement ? Le matériel photographique ? Les pots-de-vins aux autorités pas trop médisantes ? Pourquoi aussi aller se tracasser l'existence aux quatre coins du globe quand on peut tout torcher à proximité de chez soi dans des studios tout moisis ?
Et en cas de perplexité trop prononcée chez le spectateur, le Bruno a tout prévu : quelques stock-shots exotico-ethniques savamment ajustés et l'illusion est parfaite. Encore faut-il ne pas se planter dans les formats d'image, on y reviendra plus tard. Introduites par deux narrateurs (un homme et une femme), défilent ainsi une cinquantaine de saynètes variant de cinq secondes pour les plus courtes à deux minutes maximum dans lesquelles des comédiens anonymes mettent en pratique un large éventail de perversités érotico-crapoteuses décrites dans les bouquins et les thèses de Freud et de sa bande, les Prof. Von Krafft-Ebing et Gilbert Tardyman pour ne citer qu'eux, avec également un détour vers Sade et Masoch.
Bien entendu, tout n'est que simulation ici, exception faite de rares vidéos d'archive. Morceaux choisis : première séquence, une dominatrice jouant du talon, debout sur un homme nu, feint de lui aplatir les roubignolles ; un hermaphrodite pour de faux (faut voir l'appareillage caoutchouteux qu'il / elle se trimballe entre les cuisses) partage sa couche avec une catin ; une émasculation au couteau en Afrique, réelle à moitié seulement (en clair, jusqu'au moment crucial , où curieusement, le pan et scan fait place au cinémascope pendant que la queue en latex du malheureux est tranchée d'un coup de lame) ; enchaînement approprié avec une opération du sexe par des médecins japonais : un simple morceau de barbaque tripatouillé par des scalpels et filmé en gros plan (détail qui tue : le plan d'une bite en érection flottant dans une bouteille de formol attendant sagement sa greffe) ; une cérémonie en Nouvelle-Calédonie, où pour les besoins de "la fête de la fertilité", des indigènes s'enfoncent violemment des bouts de bambou dans le nez dans le but de renforcer leur puissance sexuelle (seule véritable séquence authentique et ça fait assez mal) ; un homme déguisé en prêtre bénit le corps d'une femme reposant dans un cercueil puis s'allonge en dessous de la dépouille, les bras en croix et mate le cul nu de la macchabée dépassant d'une ouverture dans la boite (débilissime) ; un homme embrasse le corps d'une jeune femme malade, ravagée par la vérole (segment bref mais dégueulasse) ; un autre est au pieu avec une octogénaire à poil ; une femme fait l'amour avec un estropié puis variations : avec un trisomique puis un bossu.


Autre passage totalement con : dans une chambre d'hôpital, un débile mental dont le visage est recouvert de mousse à raser, est hilare devant un couple à poil se faisant face mais incapables de se toucher par la faute d'une ceinture élastique passée à leur taille ; plus loin, un masochiste se prenant pour un tapis de bain humain attend étendu au sol que trois coquines faisant trempette commune dans une baignoire achèvent leur toilette pour se faire piétiner, avant de plonger sa tête dans l'eau souillée ; dans un jardin, un timbré atteint de pygmalionisme pénètre une statue d'ébène pourvue d'une fente là où il faut ; dans le même ordre d'idée, un homme tronche sa compagne plâtrée des pieds à la tête ; un narcissique s'admire dans une glace puis se pogne très fort en pensant à lui-même se caressant devant son reflet ; petite virée à Singapour (enfin, normalement) où pour parvenir à l'orgasme, une prostituée s'insère dans le minou deux boules de mercure ; retour au bercail (façon de parler) avec une femme qui se fait plâtrer les seins pour en envoyer le moule à ses nombreux admirateurs ; plus glauque : un violeur récidiviste abuse dans une grange d'une pauvrette puis, sitôt tiré son coup; lui administre des coups de pelle dans le vagin.
Puis, scène des plus étranges qu'on jurerait issue d'un film d'épouvante des années 50, entièrement colorée en ton sépia, où une femme est poursuivie dans une forêt puis baisée par un malade dissimulée derrière un masque cyclopéen ; les membres d'une secte satanique s'accouplent devant un squelette en flammes ; ça se corse sérieusement par la suite avec tout d'abord un homme suçant les orteils d'une femme aux pieds crasseux ; une autre à califourchon sur son mari pisse dans une coupe de champagne avant que ce dernier en répande le contenu sur son visage ; variation logique avec cette fois, Madame, le cul au dessus du faciès de Monsieur qui expulse une chtite merdasse (en plastique) que le poisseux gaillard prendra soin d'étaler un peu partout sur son anatomie ; cannibalisme en Guinée, vraie il semblerait, où une veuve pioche généreusement dans l'orbite vide rongée par les asticots de son cadavre d'époux ; acte de nécrophilie ensuite sur la personne d'une jeune défunte qu'un amoureux des natures mortes dévêt dans un premier temps, puis éventre et vide de ses entrailles ; enfin, on achève ce tour d'horizon de croquignolerie joyeusement crétine par le dernier stade obligatoire de tabou déviant, à savoir la zoophilie : un serpent s'immisce pour de faux dans l'entre-cuisses d'une danseuse ; des putes orientales prennent du bon temps en caressant des clébards et des chèvres ; une donzelle est en passe de se faire prendre par un berger allemand sur un plumard sous les yeux de son conjoint qui, excité par la scène, visite à son tour le cul potelé : mais ce n'est pas fini.


L'affaire, visiblement réprimée par la loi locale, se termine au commissariat où l'acte est reconstitué devant un parterre de gendarmes qui en profitent pour se rincer l'oeil ; enfin, deux amoureux observent un cheval crachant sa purée sous la croupe de sa partenaire de jeu, ce qui les motive à folâtrer dans une écurie, sous les regards dubitatifs des animaux garés dans leur box. Ce vaste programme se conclue sur les ébats d'un couple superposés avec des vues du cosmos, l'air de dire qu'une connerie inter-sidérale (et sidérante) vient de défiler sous nos yeux écarquillés. Merci Doc Mattei, qui remettra d'ailleurs le couvert juste après avec l'inédit "Sesso perverso, mondo violento".




Galerie "Le sexe interdit" : 






Galerie "Fureur sauvage" :






Le sexe interdit - 1979

Titre Original : Sexual Aberration - Sesso Perverso
Titre(s) Vidéo : Le sexe interdit / Fantasmes africains
Un film de Bruno Mattei
Italie / Panama

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Fureur sauvage - 1978

Titre Original : Brutes and Savages
Un film de Arthur Davis
USA



Le sexe interdit est proposé dans sa version française d'origine.

https://rapidshare.com/files/653100093/Le_sexe_interdit.avi


Fureur sauvage est proposé dans sa version originale.

https://rapidshare.com/files/3243443671/Fureur_sauvage.avi

29 commentaires:

  1. Ouais, que j'aime passer ici !
    L'anonyme inconnu

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  2. Une description à faire baver !
    Je ne sais pas où tu les as trouvé tes VHS, je reste à chaque fois sur le cul !
    Merci beaucoup Throma !

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  3. Joli doublé... Du grand art ! Merci pour le partage.

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  4. Merci pour ces bis ritals inconnus pour moi

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  5. Houla... Une fois de plus tu nous a dégoté des morceaux de bravoure...
    Et une fois encore un grand Merci!

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  6. Ouah quelle présentation !
    Je prends direct, merci une fois de plus Throma.

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  7. Sacré Throma !

    Tu parviens sans mal à nous faire saliver avec tes films que tu nous décris pourtant comme totalement nul dans les grandes largeurs !

    Rudement bien joué !

    Amicalement

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  8. Merci Throma.
    Mais attention, l'abus de Mondo nuit gravement à la santé.

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  9. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  10. Merci pour ces 2 perles ! Comme tout être normalement constitué, j'ai commencé par le Mattei qui est vraiment très instructif !

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  11. Oh... Et bien, voilà qui me met sur les fesses!

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  12. C'est cool mais il m'est devenue impossible de télécharger les films que tu mets chez "rapid"-share, le téléchargement dur environ 12h et je ne suis pas sur d'arriver jusqu'au bout (pourtant ma connexion est stable), je vais donc simplement arrêter de prendre des films sur ton blog, c'est dommage car tu fais du super travail.
    Bonne continuation à toi et merci pour ces perles ^^

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  13. Mazette quel coup..............de plume merci pour ces "chefs-d'oeuvre" de la pellicule

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  14. Beau double programme savoureux comme toujours !

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  15. Merci... Et merci aussi pour les commentaires toujours passionnants, je me goinfre!

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  16. Merci pour ces raretés
    si tu as d'autres mondos ;-)
    et bien sûr bravo pour la qualité de ta plume !

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  17. hourrah! merci pour ces bones vf aux voix berçantes.

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  18. Ça semble tellement mauvais que j'ose à peine remercier. Mais je prends quand même... ;-)

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  19. T'es pas obligée de remercier bbjane, je comprendrais. Ton commentaire suffira.
    Pas comme ces buses au rire gras de chez Nanarland qui se servent ici sans remercier pour se faire mousser entre copains et qui, pire, sont en train de se refiler entre eux ma copie du Mattei sous le manteau.
    Quel site respectable.

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    1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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    2. Faut pas mettre le site de nanarland et le forum dans le même panier, et tous ceux qui fréquentent le forum ne sont pas des débiles consanguins comme tu aimes les traiter, certains aiment aussi le cinéma improbable. Ton mépris régulier à leur égard est quand même dommage.
      Enfin bon, les buses te remercient...

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  20. un grand merci,une fois de plus pour ces raretés, super difficles à dénicher... je les ai découverts avec délectation (si j'ose dire)... des mondos bien crades, bien trash comme seuls les italiens savaient en faire... encore merci

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    1. Anonyme : si t'es dans le mondo crado, guettes "Face d'espion CIA" qui était proposé ici il y a quelques mois avant la déconfiture Megauploadienne. Je vais le réuploader dans les prochaines semaines.

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  21. pas encore maté Fureur Sauvage, mais le Mattei que j'attendais de pied ferme depuis ta psycho-critique de 2007 ne m'a franchement pas déçu!
    c'est LE catalogue à peu près exhaustif des perversions sexuelles, il y en a pour tous les goûts, même les pédos auront droit à voir un bout de zigounette d'enfant durant cette heure de zapping infernal !
    nono-la-débrouille nous case même dans le tas des segments mondo plus classiques sur les rites funéraires de sociétés primitives sans lien évident avec la sexualité.
    merci encore throma
    rosebonbon

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  22. Peux pas dire non à Mattei, vais réfléchir encore un peu pour l'autre...
    En tout cas mille mercis...
    Joe Wasser

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  23. Magnifique ! la description du film suffit amplement !! merci pour l'élégance syntaxique ! un bohneur à lire

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  24. Salut.
    Es qu'il vous resterai encore ce petit film ?
    Possible de le re-up ?
    Merci pour votre super blog.

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