vendredi 13 mars 2015

Histoires de fou(s)


DOUBLE-PROGRAMME "PSYCHO-KILLER"

UN TUEUR SOUS INFLUENCE / CRAZED








A une lettre près, les deux films présentés ici se partageaient le même titre original. L'un comme l'autre centrent en tout cas leur scénario autour d'un individu pas seul dans sa tête.
A la gauche du ring, Neal Mottram, antiquaire et adorateur de Chuku, une idole africaine à laquelle il dédie ses crimes. A ma droite, Grahame, jeune homme en apparence paisible, pourtant voyeuriste, assassin occasionnel et nécrophile. Ainsi, il conserve la dépouille de sa voisine dont il est (était) secrètement amoureux. Que le meilleur taré gagne !


Si il est loin de se hisser en tant que meilleure oeuvre de son auteur, le "Craze" du grand Freddie Francis, parfois renommé "Un tueur sous influence" ou "Mystic Killer", ne mérite pour autant la mauvaise considération qu'on lui prête.
Exact que l'approche du criminel s'avère moins subtile que dans les autres psycho-killers du metteur en scène.
Mais l'intérêt réside autre part.
D'abord, de par sa poignée de meurtres parfois gores ou ses instants hallucinogènes où Neal cause à Chuku au fond de sa cave tandis que la caméra butine fièvreusement autour de l'idole, l'ennui n'a guère le temps d'instaurer son règne.
Et puis, si la prestation de Jack Palance ne déçoit pas, visez-moi un peu ce casting d'enfer le détourant : Diana Dors, Hugh Griffith, Trevor Howard, Martin Potter, David Warbeck et les sirènes Julie Ege & Suzy Kendall. La fine fleur du cinéma de genre british s'est donnée le mot.
Même si la participation de certains de ces comédiens s'avère très brève (Warbeck apparait en tout et pour tout deux petites minutes et Ege et Kendall ne restent pas longtemps en vie face au maniaque). D'autres tels que Diana Dors ou Trevor Howard monopolisent un temps de présence plus important à l'écran. L'une en amante sexy (dans son genre) de Palance, l'autre en commissaire de police implacable.
Ne serait-ce que pour ces motifs et pour d'autres atouts dissimulés dans sa manche (dont un "jumpscare" mémorable) "Un tueur sous influence" doit être réhabilité. Pour un Freddie Francis irrécupérable, les masochistes s'orienteront plutôt vers son atroce "Dark Tower".


Si l'opus de Francis ne totalisait qu'un seul aliéné, "Crazed" de Richard Cassidy les multiplie. En fait, presque tous les individus dépeints dans son film, acteurs principaux comme seconds rôles, ne tournent vraiment rond.
Pendant la première moitié de l'intrigue suit-on ainsi la jeune Karen (Beverly Ross), droguée et schizophrène. Ayant "fuguée" de la ferme de son compagnon, elle loue une chambre dans une pension gouvernée par la vieille Madame Brewer (Belle Mitchell), qui elle, déraille gentiment la bouche ouverte. Quant au voisin de chambrée de Karen, le dénommé Grahame (Laszlo Papas), j'en parle même pas. Allez si. Ecorché dans sa tendre enfance par des parents bienveillants le considérant comme un enfant attardé, sa croissance évolue dans les mêmes eaux croupies puisqu'il développe ensuite une impuissance sexuelle. Puis survient l'étape inévitable de tout meurtrier hantant les écrans d'alors : le Vietnam. Ou Grahame mène une double lutte. Les viet-congs d'un côté, les gars de son bataillon de l'autre, le raillant constamment en raison de son incapacité à bander face aux demoiselles de là-bas.
A son retour, Madame Brewer le prend sous son aile, jusqu'à le considérer comme son propre fils.
De cette accumulation de poisse débouche une tendance psychopatique dont Karen sera la première à faire les frais. La jeune femme (qu'il ne cesse d'épier dans son bain à travers une glace sans tain) repoussant ses avances, il ne trouve d'autre alternative que de plonger son délicat visage sous l'eau. Amoureux comme au premier jour, il va conserver le cadavre dans sa piaule puis liquider systématiquement tout individu un peu trop curieux.
Cette folie constante imprégnant les murs comme les personnes qu'ils renferment donne à ce psycho-killer méconnu un cachet peu conventionnel, jonglant habilement entre l'horreur glauque (dont un homicide à l'arme blanche particulièrement brutal) et l'humour noir (et même absurde, à l'image de cet enseignant lui aussi bien ravagé détenteur d'une théorie intéressante concernant... Shakespeare !). Proche du "Killing Kind" de Curtis Harrington ou dans un registre slasheresque plus prononcé du "Silent Scream" de Dennis Harris, "Crazed" appartient à la race des bizarreries délectables.


Galerie "Un tueur sous influence" :









Galerie "Crazed" :












Un tueur sous influence - 1974

Titre Original : Craze
Autre Titre : Mystic Killer

Un film de Freddie Francis
Angleterre
Genre : Horreur / Psycho-killer
Avec Jack Palance, Trevor Howard, Diana Dors, Martin Potter, Hugh Griffith, Julie Ege, Suzy Kendall, David Warbeck...

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Crazed - 1978

Autre Titre : Sleeping Into Darkness


Un film de Richard Cassidy
USA
Genre : Horreur / Psycho-killer
Avec Laszlo Papas, Beverly Ross, Belle Mitchell, Rigg Kennedy, Helen Rogler, Tommy McFadden...


Un tueur sous influence est proposé en version française.

http://www.multiup.org/fr/download/21fd621c652db53c590872a6f3704fd8/TueursousInfluence.avi


Crazed est proposé en version française.
  
http://www.multiup.org/fr/download/23f4116a41c7b40049166e72368a1155/Crazed.avi
















samedi 7 mars 2015

Chair fraiche pour 7 bâtards



CHAIR FRAICHE POUR 7 BATARDS - 1971

Titre Original : Brute Corps

Titre d'exploitation en salles : Le Sexe Sauvage

USA 

Genre : Action / Survival

Un film de Jerry Jameson

Avec Paul Carr, Jennifer Billingsley, Joseph Kaufmann, Alex Rocco, Michael Pataki, Felton Perry...


Résumé made in Xawa pour Psychovision :

Sept mercenaires traversent le Mexique pour livrer un combat en Amérique centrale. Quatre motards taquinent l'un deux et se verront exploser le buffet au fusil à pompes. Terry et son petit copain, un couple de jeunes hippies, auront le malheur de croiser la route de ces tueurs professionnels.

Cette fois-ci je vais la faire courte et vous renvoyer plutôt au papier de Xawa sur Psychovision qui dit tout ce qu'il faut savoir sur cette formidable bande d'exploitation.
J'ajoute simplement que je ne suis pas l'auteur de ce rip vhs trouvé sur le net en 2008.
Merci donc à superx13.
Notons que le rip provient semblerait-il d'une vhs belge puisque si le film est présenté en version originale, les sous-titres sont en français et néerlandais (pas toujours évidents à lire hélas mais cela s'arrange par la suite). Copie à conserver précieusement, "Le sexe sauvage" ou "Chair fraiche pour 7 bâtards" chez nos amis belges étant inédit en cassette dans nos contrées.

La critique de Xawa sur Psychovision :

http://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/840-sexe-sauvage-le


"Méconnu en France malgré son titre racoleur, bénéficiant d'une solide réputation outre-Atlantique chez quelques initiés, Le sexe sauvage est un des films les plus pessimistes du cinéma d'exploitation et montre son incroyable vigueur et sa profondeur, au détour d'un drive-in. Terrible désaveu du rêve hippie ( nos deux amis vont vivre l'enfer pour avoir voulu suivre leur idéal, à savoir faire confiance à autrui, partager une bouffe gratis et un peu d'herbe ) et de la légendaire dureté mexicaine (les locaux sont ici de fieffés trouillards, sheriff compris, soumis aux américains armés et dégénérés qui les martyrisent) Brute corps emporte l'adhésion dès la première scène, le flinguage des motards, absolument jouissive.
Jerry Jameson, dont Le sexe sauvage est la pièce-maîtresse de sa filmographie, tournera ensuite surtout pour la télévision, notamment des films catastophes, des épisodes de Walker Texas Ranger, bref une carrière cinématographique dont l'orientation n'est pas particulièrement libérale."

Jean-Marie Sabatier dans la Saison Cinématographique 74 :

" "...Le film est construit sur l'opposition des deux Amériques : celles des jeunes gens, petits bourgeois qui flirtent avec le risque sans oser l'affronter vraiment (Terry pourrait être putain, elle n'en a pas l'audace ; Kervin fuit la conscription et la guerre au Vietnam) et celle des "desperados", "petits blancs" déracinés, vivant en communauté fermée, quasiment ésotérique, fondant toutes leurs actions sur l'illusion guerrière..."

"...Idéologiquement, le scénario balance, non sans une subtile équivoque, entre la dénionciation (les mercenaires sont des salauds) et une secrète admiration (...mais ce ne sont que des hommes). Moralité à priori suspecte qui ne fait que rendre plus intéressante et attachante cette oeuvrette curieuse, l'une des plus dérangeantes qu'ait donnée le cinéma "bis" au cours de cette saison."
















Film proposé en VO avec sous-titres français & néerlandais.

http://www.multiup.org/fr/download/4680928b493f7de60234a7fda538f960/SexeSauvage.avi








lundi 2 mars 2015

Cérémonie des sens























CEREMONIE DES SENS - 1979

Titre Original : La cerimonia dei sensi

Italie

Genre : Fantastique / Erotique / Trash

Un film d'Antonio d'Agostino

Avec Franco Pugi, Ornella Grassi, Luca Miliani, Camillo Besenzon, Eva Robins...


Papier (bourré de spoilers) écrit en 2004, publié dans le Medusa 23 :


"Alberto Cavallone, Renato Polselli, Antonio D'Agostino : trois metteurs en scène italiens nourris au même biberon. Une détermination partagée à vouloir choquer un maximum le spectateur. Le premier signe de véritables ôdes à la scatologie et à la dégénérescence humaine avec ses anthologiques "Blue Movie" et autres "Spell" ; le deuxième ébranle les fanas du trash italien (d'où leur tendance à verser du liquide facilement dans de tels films) avec ses "Mondo Erotico" incomparables "Rivelazioni di uno psichiatra sul mondo perverso del sesso" et "Oscenita". Quant à Antonio D'Agostino, avant de sombrer définitivement dans le porno sous son pseudo favori de Richard Bennet, il va se rendre responsable au début de sa carrière de quelques oeuvres érotiques impayables dont les plus célèbres restent "Eva Man" et "Bathman dal pianeta eros", où il rend hommage à sa façon aux super-héros. 


Et cette inclination pour les super-héros, on la retrouve déjà en partie dans "Cérémonie des sens", son premier long-métrage. Le personnage principal campé par Franco Pugi y est dépeint comme une sorte de surhomme biblique, un nouveau Messie prisonnier d'une réalité socio-politique déformée engendrée par un profond coma. Victime au début de l'histoire d'un grave accident de voiture, il navigue entre la vie et la mort et son subconscient fabrique alors un monde déshumanisé et dirigé par des hommes de pouvoir profondément corrompus. Franco y revêt la personnalité d'un Messie, affublé de pouvoirs divins et d'une propension à accomplir des miracles. Il peut notamment guérir les atrophies et maladies et ressusciter les morts. 


Atypique comme scénario n'est-ce-pas ? Un peu trop d'ailleurs, surtout que D'Agostino est loin de nous délivrer toutes les clés concernant bon nombre de passages tordus. Ainsi, lorsque le Gouvernement crapuleux en place demande à Franco de réveiller d'entre les morts un personnage important apparaissant hors-champ et dont le patronyme n'est pas évoqué une seule fois, c'est au spectateur de tirer des conclusions.
Quant à moi, j'ai supposé qu'il pouvait s'agir du spectre de Mussolini.
L'erreur que le Gouvernement lui a obligé à commettre lui fait ressentir un sentiment de trahison auprès du peuple opprimé qu'il s'évertuait à défendre. Impuissant, il sera finalement crucifié symboliquement par ses ennemis.
Ultime séquence : Franco s'extirpe de son coma et de cette dimension parallèle terrifiante. Il est allongé dans un lit d'hôpital, et devant ses yeux, le cauchemar recommence lorsqu'il aperçoit les responsables de sa crucifixion alignés devant son chevet, habillés en médecins. The End.
On l'aura compris : "Cérémonie des sens" n'a rien d'un film singulier. Ici, Lonny Rick (pas certain de l'orthographe) est roi. 


Mais force est de constater qu'originalité ne rime pas systématiquement avec interêt, la faute à une confusion quasi-permanente qui risque d'embrouiller des cortex peu concernés. "Cérémonie des sens" se rapproche davantage d'un film d'auteur plutôt que d'une "bisserie" traditionnelle et décomplexée. 


Néanmoins, les cinéphiles avides de curiosité y trouveront peut-être leur compte et les plus déviants d'entre nous (inutile de préciser que j'en fais parti) se délecteront d'une scène d'orgie particulièrement malsaine où l'hermaphrodite Eva Robins danse la bite à l'air au milieu de partouzeurs de la haute société qui achèveront la soirée en beauté en chiant sur le sol. Une vieille femme obèse et effroyablement laide ira même jusqu'à pisser en gros plan par terre.
Alleluia !"














Film proposé en version française.

http://www.multiup.org/fr/download/4edb298697bd798ab2de7a7d26c30f47/CeremoniedesSens.avi