LUCKER THE NECROPHAGOUS - 1986
Belgique
Genre : Horreur / Gore / Psycho-killer
Un film de Johan Vandewoestijne
Avec Nick Van Suyt, Let Jotts, Helga Vandevelde, Marie Claes, Martine Scherre, Carry Van Middel...
Quand John Lucker (Nick Van Suyt), tueur nécrophile multirécidiviste s'éveille d'un coma après avoir passé trois longues années dans un institut psychiatrique et s'en échappe, ce n'est certainement par pour se rendre à la messe ou ouvrir un magasin de fleuriste par correspondance.
Plutôt pour reprendre les "affaires" là où elles s'étaient arrêté. En premier lieu, retrouver la trace de sa dernière victime, la seule à avoir su s'extirper par miracle des griffes du maniaque trois ans auparavant. Et lui faire payer cher. Très cher...
Déviance sexuelle suprême, la nécrophilie apparaît comme la pratique la plus prisée des pires tueurs en série de l'histoire, parmi lesquels
Jeffrey Dahmer,
Gerard Schaefer ou
Ted Bundy pour ne citer qu'eux.
Dans son
Lucker the Necrophagous, le belge
Johan Vandewoestijne donne à ces amoureux des natures mortes un frère. De pellicule uniquement, rassurons-nous.
C'est ainsi qu'il conçoit l'un des pires assassins de l'histoire du cinéma en la personne de John Lucker.
Les intentions du cinéaste sont claires : suite à un excès de vengeance nourri par le mépris d'hypothétiques partenaires financiers (comme il le précise dans l'interview filmée plus bas), il souhaite choquer. Les institutions flamandes comme le spectateur et imagine ainsi le portrait d'un serial-killer violeur de cadavres décomposés.
Objectif atteint sans peine lors d'une séquence particulièrement immonde sur laquelle nous reviendrons plus tard (comme dirait Lucker).
La première partie du film évoque immanquablement le
Halloween de
Carpenter, avec son psychopathe enfui de la clinique, machine de mort huilée de sang, qui ne manque pas de fantaisie sadique pour éradiquer ses proies. A l'image de ce pauvre cave éliminé dans une... cave dont Lucker enduit le visage de sel après le lui avoir réduit en bouillie sanglante contre un mur.
Quelques meurtres placés judicieusement au beau milieu des errances urbaines très répétées du tueur, parfois ennuyeuses, parfois franchement incompréhensibles. Pourquoi fait-il par exemple escale sitôt son évasion dans un vidéo-club avant de bloquer puissant sur une vhs dont nous ne verrons même pas la jaquette ? Crime de lèse-majesté pour tout vidéophile distingué.
Qu'importe puisque finit par arriver LA séquence choc du film.
C'est ainsi qu'après avoir veillé auprès du corps d'une prostituée qu'il a lardé de coups de couteaux plusieurs jours auparavant, Lucker estime que la nuit de noces doit enfin être entamée. Et tant pis si la promise ne sent plus vraiment la rose et que les asticots festoient...
A ce jour, cette scène d'accouplement post-mortem très avancé, dont les détails poisseux feraient passer
Nekromantik pour un épisode de
Franklin la tortue, apparaît encore comme la plus extrême de sa catégorie, les
D'Amato et autres
Buttgereit n'ayant jamais franchi à ce point le Rubicon.
Sur la longueur en revanche, difficile de décerner à son auteur la palme d'oeuvre la plus malsaine du cinéma.
S'il soigne son ambiance et que l'atmosphère générale n'envie rien à la grisaille permanente de
Schizophrenia, quelques ellipses et maladresses mettent en péril le sérieux de l'entreprise, à commencer par l'apparence de Lucker. Massif, hideux, tout de noir vêtu et quittant rarement ses lunettes de soleil, il est un stéréotype ambulant, là où les plus grands prédateurs de l'histoire criminelle jouaient au contraire sur leur physique banal, pour ne pas dire rassurant.
Du coup, on ne pourra pas s'empêcher de lâcher à l'une de ses victimes faisant du gringue dans un bar à cet individu vraiment trop lugubre un bien mérité : "bien fait pour ta gueule !" lorsque celle-ci scellera fatalement son destin.
Cette pièce de choix que vous vous apprêtez/que vous venez à/de déguster, vous la devez bien évidemment à son réalisateur un brin provocateur mais aussi au respectable
Valor qui une fois de plus s'est fendu d'un travail méticuleux et remarquable pour faire revivre le film, après diverses éditions à la qualité, il faut bien le dire, discutables.
Valor revient plus en détail sur ces éléments mais avant de lui donner la parole, je tiens à le remercier pour son boulot irréprochable qui ne consiste pas seulement en un remontage optimal des diverses versions disponibles sur le marché mais aussi au sous-titrage intégral de l'interview de
Johan Vandewoestijne que vous trouverez en bonus ici-même.
Toujours plus généreux, il me gratifie (et le blog par ricochet) d'un générique maison animé de
Video Party Massacre en tout début de programme. Pour un résultat qui claque méchamment.
Le mot de Valor :
Si la petite histoire de "Lucker" vous intéresse, je ne saurais que trop vous conseiller de visionner l'interview du réalisateur Johan Vandewoestijne (d'autant plus que je l'ai intégralement sous-titrée !)
Pour faire court, "Lucker" est sorti en 2 versions VHS (VO anglaise sous-titrée en néerlandais et doublage VF) chez l'éditeur belge VDS (http://vhsdb.org/editeur.php?id=370&pays=2), également producteur du film.
IMDb mentionne une autre sortie belge (?) chez BDM et une en France chez M. Films (?)... si vous les trouvez un jour, merci de me faire signe !
Bref, les 2 VHS VDS sont quasi introuvables, un collectionneur en proposait récemment une sur eBay pour la modique somme de 2000 euros !
J'étais donc ravi le jour où j'ai trouvé un exemplaire de la VF dans le stock d'un ancien vidéoclub de Bruxelles... un peu moins en découvrant qu'elle était complètement moisie ! Quelques années après, je trouve à nouveau une VF dans un autre stock près de Liège... mais malheureusement la bande est froissée à plusieurs endroits...
Après plusieurs tentatives de copies de ces 2 cassettes sur différents magnétoscopes, j'arrive à obtenir une version à peu près complète, sauf pour le rapide plan dans le jardin avant le générique...
Un copain (merci Alain) me fournit ensuite une copie de la VO mais ce fameux plan d'ouverture n'y figure pas !
Je décide un beau jour de récupérer la VF et de la coller sur le DVD américain Synapse que j'avais acheté en 2007 (sans jamais l'avoir regardé) et là, mauvaise surprise : le matériel de ce film ayant été détruit (voir interview), ce DVD propose un "Director's Cut" réalisé à partir d'une VHS VF ! Cette nouvelle version est floue, recadrée en 1.85 et raccourcie mais elle contient quand même quelques scènes (récupérées sur des rushes) qui avaient été coupées du montage original. Synapse a également choisi d'inclure sur le DVD une copie d'une cassette U-Matic en anglais avec sous-titres néerlandais incrustés, légèrement recadrée, abîmée par endroits et d'une qualité à peine meilleure que mes VHS...Pour couronner le tout, le plan d'ouverture ne figure sur aucune de ces 2 versions !
Du coup, j'ai préféré essayer de restaurer ma copie plutôt que de faire un repack... J'ai donc utilisé 2 enregistrements différents de chacune de mes deux VHS (soit 4 pistes au total) pour reconstituer le plan d'ouverture, éliminer les sauts d'image et autres défauts. J'ai également rehaussé le son, les couleurs et le contraste puis enlevé les bandes noires sur les côtés. J'avais envisagé de réinsérer les quelques plans coupés qui figurent sur le DVD mais j'ai préféré conserver le montage original (d'autant plus qu'ils sont recadrés sur le DVD). Au final, on est encore loin de la qualité de certaines VHS mais je doute qu'on puisse trouver mieux à l'heure actuelle...
J'ai effectué ce remontage pour Video Party Massacre, merci de ne pas le partager sur d'autres sites, blogs ou torrents...
Sur ce, bon film et bon appétit !
Captures du film :
Captures du bonus :
Le film :
http://www.multiup.org/fr/download/bbd35d91b4175659a5723abc6b2873b9/Lucker_VPM.avi
L'interview VOSTF :
http://www.multiup.org/download/f563108bf283a3bde7c7f96e3350c6eb/ITW_Lucker.avi